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Publié le 29 avril 2024, Actualité

Les récifs d’hermelles de la baie du Mont-Saint-Michel

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Des récifs de sable !

A marée basse, d’étranges récifs apparaissent sur le sable et sur les rochers dégagés par la mer.
Ces curieuses constructions ressemblent de loin à des rochers. Quand on s’en approche ils prennent l’apparence de châteaux de sable en forme de champignons ou de choux-fleurs.

Ces récifs se développent sur plusieurs secteurs dans la baie : en Bretagne au Nord de la chapelle Ste Anne, en Normandie au pied des falaises de Champeaux et à l’ouest de Saint-Jean-le-Thomas.


Vers, tubes et alvéoles

Vus de dessus la surface de ces châteaux de sable évoque quelque gigantesque nid d’insectes.

Il ‘agit en réalité de constructions élaborés par des vers appelés « hermelles », longs de 2 à 5cm.

Le joli nom latin de l’hermelle, Sabellaria alveolata, rappelle la surface de ces récifs de sable en forme d’alvéoles.


Des bâtisseurs méticuleux

Les vers sélectionnent et retiennent grâce à des appendices entourant leur bouche les débris coquilliers en suspension dans l’eau, ainsi que des cristaux de quartz pour environ un quart.

Il sont très méticuleux dans leur tri, ne retenant que les particules de 0,5 à 0,9 mm.

Les hermelles élaborent ainsi des tubes de 5 à 10 mm de diamètre, légèrement vrillés qui leur servent d’abri.

-Tubes d’hermelles

Naissance, vie et mort d’un récif d’hermelles

Plusieurs phases se succèdent dans le développement des récifs d’hermelles.

D’abord les larves de vers se fixent sur un substrat dur: rochers, bancs d’huîtres, épave ..mais aussi sur des sables durs. Sur des substrats meubles c’est plus rare, mais c’est le cas depuis une quinzaine d’années au sud et au à l’ouest des falaises de Champeaux.

Les vers commencent à recouvrir le substrat par un placage de quelques cm de hauteur.

Si un individu vit seulement 4 à 5 ans, au fil du temps des générations successives de vers étendent la colonie en surface et vers le haut, jusqu’à atteindre une hauteur de quelques dizaines de cm et parfois plus de 1,50m.

Les blocs peuvent se souder pour former un véritable platier.

-Récif d’hermelles en baie du Mont-Saint-Michel

On observe des phases cycliques de développement et de régression des récifs.

La colonie en s’élevant est plus sensibles à l’érosion latérale, des blocs s’éboulent.

La destruction naturelle peut être due à de fortes houles, lors de tempêtes. Mais celles-ci peuvent aussi déplacer des blocs donnant naissance à une nouvelle colonie si les conditions favorables.

Inversement, des eaux trop calmes qui ne permettent pas l’évacuation des déjections des vers accélèrent l’envasement du récif qui meurt par asphyxie.

Sur certains secteurs les populations de moules sont parfois tellement denses qu’elles étouffent le massif et accélèrent sa dégradation.


Biodiversité

La présence du massif d’hermelles est source d’une grande variété de conditions de vie. De nombreuses espèces en profitent pour s’abriter au sein du récif ou sur ses bordures. Les anfractuosités et les cuvettes offrent par exemple des milieux protégés abrités des courants et recréent des conditions de vie semblables à celles que l’on trouve sur l’estran rocheux.On y recense plusieurs dizaines d’espèces animales.

A une échelle plus vaste, le récif est source de larves dispersées en mer jusqu’à plusieurs dizaines de km, larves d’hermelles mais aussi d’autres espèces.

Plus grandes bio-constructions animales d’Europe, les massifs d’hermelles de la baie sont reconnus comme milieux d’intérêt communautaires à protéger au titre de la directive Natura 2000.


Menaces et protection des récifs d’hermelles

Récif d’hermelles au pied des falaises de Champeaux

Cette vie riche attire de nombreux animaux…dont l’homme bien sûr !

Les dégradations les plus importantes sont le fait du dragage de coquillages, notamment l’amande de mer, dont le dragage se fait depuis quelques années un peu trop près de la côte. Les traces de cette activité sont certains jours visibles à marée basse !

La richesse de l’estran attire aussi une activité traditionnelle de pêche à pied. Le nombre de pêcheurs parfois important les jours de grandes marées, ainsi que certains comportements sont dommageables au récif et ses habitants : piétinement des constructions sableuses , utilisation abusive de râteaux ou pics.

Afin d’assurer leur protection , un arrêté préfectoral a été signé le 21 mars 2024 pour le secteur du banc des hermelles de la Chapelle Ste Anne. Un second arrêté de protection de l’habitat naturel des hermelles a été signé en mai et juin 2024 pour la partie normande autour du site de Champeaux. www.normandie.developpement-durable.gouv.fr

Ces arrêtés interdisent la pratique de toute activité humaine (hors dérogation) à l’intérieur des récifs et sur leur pourtour immédiat.


Avenir des hermelles et réchauffement des océans

Les massifs d’hermelles se rencontrent depuis les eaux tropicales de l’Afrique de l’ouest jusqu’en Irlande dans les eaux tempérées.

Des études récentes (IFREMER) indiquent que les populations d’hermelles auraient tendance à se développer sur nos côtes dans les années à venir en raison du réchauffement des océans.

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